Le gouvernorat de l’Ariana vient de lancer une opération coup de poing contre les étals anarchiques
La question a fait déjà le tour de la ville de l’Ariana. Assistera-t-on à un remake de l’inoubliable campagne coup de poing lancée en 2014 contre les étals anarchiques et conduite de main de maître par le gouverneur de l’époque Omar Mansour? Cette année-là, cette offensive a craché le feu. Elle fut si fulgurante que ses bienfaits avaient récolté un éclatant succès populaire. Comble de hasard, il aura fallu attendre le remplacement dudit gouverneur pour que la victoire se transformât en échec, avec la reprise du phénomène et, par conséquent, le retour à la case départ.
Comme si de rien n’était! Mais, n’anticipons pas, chassons l’oiseau de mauvais augure et contentons-nous, pour le moment, de savourer, comme tous les Arianais, l’exploit de l’instant. Un exploit d’autant plus retentissant que cette opération lancée par le nouveau gouverneur de l’Ariana a ratissé large. En effet, de «souk Libya «au vaste périmètre ceinturant le marché municipal, jusqu’à l’intérieur de cet espace, employés et engins municipaux n’ont pas chômé, deux jours durant.
Apprécions le bilan: plus de 36 étals anarchiques déboulonnés et saisie de quelque 18 charrettes de fortune et d’importantes quantités de légumes, de fruits et de vêtements de la friperie. Et parce que deux précautions valent mieux qu’une, toutes les issues pouvant favoriser une nouvelle incursion ont été hermétiquement bouchées par les véhicules de la police qui y stationnent désormais 24 heures sur 24.
Le tout sous l’œil attentif du gouverneur qui continue de multiplier les raids (parfois incognito) afin de conférer plus de poids et de vigueur à cette campagne. « Ce qui vient de se passer est à marquer d’une pierre blanche », jubile un vieux marchand de fruits et légumes exerçant légalement à l’intérieur du marché municipal. «Pourvu, espère-t-il, que cela dure une fois pour toutes et que ce cirque qui nous a fait tant et longtemps souffrir ne revienne plus ici».
Un…cessez-le -feu précaire ?
Le bonheur des uns faisant le malheur des autres, si ladite campagne a suscité la satisfaction des habitants et le soulagement des commerçants, il va sans dire qu’elle a fait des victimes, en l’occurrence les vendeurs clandestins. Effectivement, ceux-ci ne savent plus maintenant à quel saint se vouer, surtout qu’ils campent encore sur leur inflexible refus de déménager dans le site couvert que la municipalité a, depuis voilà cinq ans, mis à leur disposition.
C’est que, pour eux, l’emplacement de cet espace situé près du terminus du métro a tout d’un «exil «qui n’attire pas la clientèle. Et dire que ce marché équipé de toutes les commodités (éclairage, bloc sanitaire, chaussée bitumée…) avait coûté à la mairie quelque 200 mille dinars !
Or, le hic est que les adeptes du commerce parallèle ne semblent pas près d’abdiquer. En ce sens qu’ils ont multiplié, ces derniers jours, leurs bruyantes navettes quotidiennes entre les sièges du gouvernorat et de la mairie, exigeant ce qu’ils considèrent comme «une réhabilitation légitime et un droit au travail pour faire nourrir leurs familles».
En jouant la carte de «l’arme sociale «, ils espèrent laisser une fenêtre ouverte sur une éventuelle menace, comme ce fut le cas lors de leurs précédentes parties entre le chat et la souris qui tournaient au vinaigre au lendemain de chaque action de délocalisation, dont ils faisaient l’objet.
Rééditeront-ils ce sale coup ? Les autorités régionales et locales qui ont tôt crié victoire sont-elles prêtes pour une probable réaction méchante? Le «cessez-le-feu » sera-t-il durable ou précaire? En attendant, il serait utile de rappeler ces deux vérités que personne n’ignore dans la ville de l’Ariana.
Certaines autorisations provisoires délivrées à ces hors-la-loi ne sont pas au-dessus de tout soupçon, leurs bénéficiaires étant soit étrangers à la région où le chômage fait toujours rage, soit carrément des repris de justice guère assagis !
Enfin, certains d’entre eux sont soupçonnés d’abus divers (actes de banditisme, propos obscènes, consommation et trafic de drogue, bacchanales nocturnes…) pendant et après le travail.
D’où plusieurs arrestations dans leurs rangs.
Mohsen ZRIBI